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Micro$oft contre l'innovation


Voici des articles parus sur Multimédium

- novembre 1998 : Procès Microsoft: le message ne passe plus.

- 9 février 2000 : Bruxelles demande des informations à Microsoft sur Windows 2000

- 22 février 2000 : Procès Microsoft : pour le gouvernement, les faits sont incontournables


Procès Microsoft: le message ne passe plus

Par Christian Aubry


Washington ( 2 novembre 1998 ) ­ Troisième semaine du procès Microsoft: on peut se demander si le géant de Redmond n'aurait pas intérêt à changer de discours tant celui qu'il ressasse est battu en brèche.

La semaine dernière, on apprenait qu'America Online (AOL), le plus grand service en ligne et fournisseur d'accès Internet au monde (13 millions d'abonnés), n'a opté pour le fureteur de Microsoft que parce que c'était la seule manière pour lui de figurer dans la liste des fournisseurs d'accès apparaissant sur le bureau de Windows. On connait les trois autres: MSN (propriété de Microsoft), Compuserve (propriété d'AOL) et, pour les versions francophones de Windows, France Télécom.

Ce « choix » restreint à des fournisseurs déjà surpuissants est-il proposé dans l'intérêt des consommateurs, comme Microsoft se plaît à le répéter sur toutes les tribunes, et favorise-t-il de quelque manière que ce soit l'innovation? Poser la question, c'est y répondre. Vu la taille des « partenaires », on pourrait presque parler de collusion monopolistique!

Microsoft a bien tenté de banaliser l'affaire en affirmant que ce type d'alliance est courant dans l'industrie. Mais l'avocat du gouvernement a précisément mis le doigt où le bât blesse: « La législation anti-trust fait une énorme différence entre ce que peuvent faire un monopole et une société non monopolistique. »

C'est que le pouvoir énorme, irrésistible, de Microsoft n'est plus à démontrer. Le témoignage écrit d'Avadis Tevanian, vice-président senior chez Apple, est venu nous le rappeler vendredi de façon pathétique.

Ayant perdu la guerre des systèmes d'exploitation, où elle ne dispose que de la portion congrue, la firme de Cupertino fondait beaucoup d'espoir sur son logiciel de diffusion multimédia, QuickTime. Sa versatilité, sa documentation « ouverte » et son interopérabilité lui ont valu d'être choisi en février dernier par l'ISO comme base du format MPEG-4. Mais voilà : Microsoft a décidé que la diffusion de contenu multimédia en ligne serait désormais son affaire.

Dans un long témoignage, Tevanian explique comment, selon lui:

En avril dernier, comme Apple refusait de se départir de QuickTime, le directeur général de la division Internet Multimédia de Microsoft, Eric Engstrom, aurait été on ne peut plus clair : « Nous allons nous battre âprement pour la diffusion multimédia en ligne [sur Internet] et nous ne laisserons personne faire de la diffusion dans Windows. Nous considérons que c'est une partie intégrante du système d'exploitation, et vous [Apple] allez devoir abandonner votre client pour Windows. »

Bien sûr, on rétorquera que les affaires sont les affaires et que le capitalisme n'est pas une promenade de santé. Dans ce cas, qu'on le dise et qu'on cesse de manipuler l'opinion sur toutes les tribunes en prétendant défendre l'innovation et l'intérêt des consommateurs. À l'aune du procès en cours, ce genre de message ne passe vraiment plus.

Christian Aubry

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Bruxelles demande des informations à Microsoft sur Windows 2000

Bruxelles ( 9 février 2000 ) ­ (AFP) La Commission européenne a envoyé une demande «formelle» d'informations à Microsoft au sujet de son logiciel Windows 2000 où il existe un risque d'abus de position dominante, a annoncé aujourd'hui le commissaire européen à la Concurrence, Mario Monti.

«Nous avons envoyé une demande formelle d'informations la semaine dernière à Microsoft», suite à des informations de concurrents sur des pratiques anti-concurrentielles à propos de Windows 2000, a déclaré M. Monti lors d'une conférence de presse à Bruxelles.

«Microsoft a quatre semaine pour répondre», a ajouté Mario Monti, précisant qu'il faudrait sans doute un certain temps aux services de la Commission européenne pour y répondre. «Il faudra une expertise technique» pour étudier la réponse de Microsoft, a-t-il précisé.

Les soupçons d'abus de position dominante et de pratiques anti-concurrentielles portent sur «des portions de Windows 2000» qui peuvent avoir des incidences sur «l'ensemble des systèmes de serveurs et sur le commerce électronique», a expliqué Mario Monti.

«Tous les produits Microsoft sont interopérables et ceux qui n'y ont pas accès» peuvent être discriminés, a-t-il ajouté, affirmant que cela permettait au géant américain «d'étendre son influence sur les systèmes d'exploitation» informatiques.

Il a néanmoins insisté sur le fait que ses services attendent la réponse de Microsoft et qu'il ne souhaitait pas préjuger de ce que serait leur position.

En décembre dernier, la Cour européenne de justice (CEJ) de Luxembourg avait annulé une décision de la Commission européenne qui avait classé sans suite en 1998 la plainte d'une société informatique, Micro Leader Business (MLB) contre la société Microsoft.

MLB avait accusé Microsoft de comportement abusif sur le marché français, en y interdisant l'exportation de logiciels Microsoft distribués au Canada, vendus moins cher que dans le réseau officiel français.

En janvier 1998, la Commission avait considéré que le dossier présenté par MLB manquait d'éléments de preuve concernant les pratiques abusives et a rejeté la plainte en octobre 1998. Les juges de Luxembourg ont considéré que la Commission s'était trompée dans son appréciation de ce dossier.

Aux États-Unis, la justice américaine a estimé dans des conclusions préliminaires en novembre dernier que Microsoft était en position de monopole sur le marché des systèmes d'exploitation avec son logiciel Windows. Microsoft et les autorités anti-trust américaines sont actuellement engagés dans des discussions en vue d'un réglement à l'amiable.

AFP

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Procès Microsoft : pour le gouvernement, les faits sont incontournables

Washington ( 22 février 2000 ) ­ (AFP) Les documents internes de Microsoft et les conclusions préliminaires du juge Thomas Jackson montrent «très clairement» que le groupe de Bill Gates a violé la loi anti-trust, a affirmé aujourd'hui le gouvernement américain.

En la matière, la loi stipule qu'une position de monopole doit être sanctionnée. C'est en l'occurence ce que David Boies, principal avocat de l'anti-trust, a plaidé aujourd'hui au procès anti-trust contre Microsoft.

L'avocat a vite planté le décor. «L'utilisation d'une position de monopole, même si elle a été légitimement acquise, pour obtenir un avantage concurrentiel ou éliminer un concurrent, est illégale», a-t-il lancé en citant un arrêt de la Cour Suprême dans le cadre d'un procès intenté par le gouvernement américain contre le groupe d'aluminium Alcoa en 1945.

«Il n'y avait aucune justification légitime du point de vue de la concurrence» à la conduite de Microsoft, a déclaré M. Boies, sous l'oeil de Joël Klein, patron de la division anti-trust du département de la Justice.

«Tous les indicateurs reflètent le fait que Microsoft possède une puissance de monopole», avait déclaré quelques minutes plus tôt Kevin O'Connor, représentant le bureau de l'Attorney General de l'État du Wisconsin.

Kevin O'Connor a étayé son affirmation en rappelant la part de marché détenue par Microsoft, avec neuf ordinateurs sur dix dans le monde fonctionnant avec le système d'exploitation Windows, et l'obstacle à une concurrence réelle représenté par le comparativement faible nombre d'applications écrites pour d'autres systèmes d'exploitation.

Dans ses conclusions préliminaires en novembre, le juge Jackson avait estimé que Microsoft détenait un monopole sur le marché des systèmes d'exploitation, avec son logiciel Windows, et que le groupe utilisait «sa puissance de marché prodigieuse» pour éliminer tout concurrent potentiel, notamment Netscape.

Le juge avait également déterminé que le système d'exploitation et le logiciel de navigation sur Internet, intégrés par Microsoft dans Windows 98, étaient en fait deux produits séparés.

Juste avant d'entrer dans la salle d'audience mardi, Bill Neukom, conseiller juridique de Microsoft, avait affirmé que le groupe de logiciels continuait à «travailler dur avec le juge Posner pour aboutir à un accord» à l'amiable.

Bill Gates, fondateur du groupe et président du conseil d'administration de Microsoft, Steve Ballmer, le tout nouveau P.D.G., et les autres responsables de Microsoft «sont personnellement impliqués dans les discussions» avec le médiateur, a souligné Bill Neukom.

Avec ces déclarations, Bill Neukom voulait démentir les informations laissant penser que la médiation du juge Posner avait été un échec. Le juge Jackson avait indiqué que la reprise du procès pourrait être différée si un accord se dessinait.

Le principal avocat de Microsoft, John Warden, a démarré sa plaidoirie en indiquant qu'«avec tout le respect dû à la Cour, le groupe n'était pas d'accord avec certaines des conclusions» du juge. Il a tenu à rappeler que le jugement final dans le procès «allait modifier les règles de la concurrence dans l'industrie des logiciels, et dans la haute technologie dans son ensemble», piliers de l'économie américaine «à l'entrée du XXIe siècle».

Le juge Jackson a étayé les interventions de David Boies et John Warden avec des questions portant notamment sur les droits à la propriété intellectuelle détenus par Microsoft, que le groupe invoque pour justifier l'interdiction donnée aux fabricants d'ordinateurs de modifier la page d'accueil qui s'affiche lorsqu'un ordinateur est allumé.

AFP

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