Made with MacOS - Apple

Le Nouvel Observateur : page 1/1


L'acharnement médiatique contre Apple


Vous trouverez ici l'article du Nouvel Observateur dans son intégralité (écrit en noir, les paragraphes étant précédés du signe: > ) et mon commentaire (en bleu).


Le Nouvel Observateur - 22/04/1999

NOTRE EPOQUE

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Plus d'un million d'appareils vendus en dix mois

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Arrêt sur iMac

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Un design rétro-visionnaire, des couleurs sucre d'orge, l'internet en un clic : avec l'iMac, Apple a transformé l'outil du troisième millénaire en top-modèle... Coup de bluff ou coup de maître ?

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Pour m'allumer, appuyez sur l'interrupteur. L'interrupteur se trouve sur ma fesse droite, ma fesse droite est à votre main gauche. » Cette pub a plus de quinze ans : avec elle, l'animatrice de radio Kriss Graffiti lançait officiellement le Macintosh (le « Mac »). Pour le lancement de l'iMac, Apple a sorti la même arme, l'humour. Une utilisatrice appelle un numéro téléphonique d'assistance. Pour cerner son problème, le technicien interroge la belle sur les « plantages » usuels. En fait son interlocutrice n'a pas de problème. Pensez, elle a un iMac...

Le ton, pour le moins ironique, de cette dernière remarque en dit déjà long sur le contenu du présent article...

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Elle veut juste faire une blague. Cela se passe comme ça chez Apple : la société adapte au goût du jour les recettes qui ont fait sa légende.

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Les ressemblances ne s'arrêtent pas aux messages radio. En fait c'est toute la stratégie d'Apple qui rappelle trait pour trait l'épopée héroïque du Mac. Après l'humour, la marque a sorti sa deuxième arme fatale, son image. Et elle sait s'y prendre... En 1984, Steve Jobs, fondateur d'Apple, vise malin : le succès du Mac n'aurait sans doute pas été aussi foudroyant si les professionnels des arts comme ceux des médias n'avaient eu le coup de foudre pour la machine. La firme avait contribué à l'affaire en prêtant généreusement des appareils à bon nombre d'entre eux.

N'est ce pas là, la base du marketing ? Quand un fabricant veut faire connaître un nouveau produit, il est d'usage courant qu'il en distribue gratuitement des échantillons.

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Certains, d'ailleurs, les ont encore à la maison. Aujourd'hui avec le retour aux commandes de Steve Jobs, même stratégie, des centaines d'engins ont été déposés chez les leaders d'opinion. Du coup, pas facile de trouver la moindre critique dans les journaux.

Doit on comprendre par là que Monsieur Tréguier, apparemment déçu de ne pas figurer sur cette liste, dénigre Apple à tout va comme pour se venger ? Car de toute évidence, au vu des arguments spécieux qui suivent, il connait très mal Apple, ses produits, et en particulier l'iMac.

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Chacun d'y aller de son couplet sur le look et la facilité d'utilisation. Résultat, une image en béton, plus d'un million d'appareils vendus en dix mois, et la marque, qui était donnée en faillite, passe de 4% à 12% de part de marché selon les résultats du bilan d'avril.

Donnée en faillite par qui ? Par cette presse sans scrupule et la plupart du temps ignare en matière d'informatique, plus avide de faire des scoops que d'informer son public. Il suffit malheureusement de relire les articles rassemblés dans la présente rubrique pour s'en convaincre.

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Les louanges auraient sonné faux si la machine avait été moche. Mais l'iMac, grâce à son « bio-design » et à ses « cinq parfums » (cinq couleurs de fruits), a ringardisé la concurrence. C'est « Miss Monde au Salon de l'Agriculture », dit un vendeur de la Fnac en couvant du regard son cher rayon Apple. Un top-modèle 20% plus cher qu'un PC ordinaire...

Pourquoi cette concurrence n'a t'elle pas cherché, elle aussi depuis longtemps, à innover ? Toute initiative sortant un peu des sentiers battus serait elle vérouillée par le lobby wintel ?

Quant au coût : à niveau de qualité et de performance équivalent, les Macintosh d'aujourd'hui sont au même niveau de prix que les PC de marque.

Mieux : si l'on tient compte de la pérennité de la machine, des aspects formation (facilité d'utilisation), maintenance (problèmes purement informatiques) et productivité, alors le Mac surclasse largement les PC sous windows, plusieurs études économiques le prouvent (voir par exemple l'étude Gistics).

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Mais attention, ces couleurs fluo, ces flancs translucides, n'est-ce pas un peu too much mode ? Pour Jean-Paul Manceau, designer de la Kangoo Renault, un tel look « risque de vieillir rapidement ». « L'iMac, ajoute Jean-François Bentz, PDG de Fitch Europe, spécialiste du design informatique, synthétise de manière caricaturale les tendances du moment. Dans l'informatique, un design ne vit que quelques mois. »

Vu la durée du cycle de renouvellement des games de machines chez les constructeurs informatique, y compris Apple, les risques de vieillissement sont inexistants. Ceci est un faux problème !

Ensuite, au vu de l'uniformité des machines actuelles, nous aimerions bien savoir ce que ce "spécialiste du design informatique" a créé ?

D'autre part l'iMac est avant tout un micro-ordinateur destiné au grand public : prêt à l'emploi, simple à utiliser, puissant (mine de rien il s'agit d'un G3), esthétique, et financièrement abordable, en un mot : sympa.

D'ailleurs le grand public ne s'y est pas trompé, d'où son succès actuel.

Enfin d'un point de vu purement marketing, le nouveau design coloré et avenant des Macintosh permet de trancher sur le beige "réglementaire" des autres ordinateurs : Quand il y a un Macintosh dans une pièce, vous pouvez être certain qu'il attirera les regards.

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Un bon look, un marketing astucieux ne suffisent pas à assurer les ventes, il faut aussi une bonne machine. Et, là encore, quinze ans après, l'iMac se révèle être le digne successeur des premiers Macintosh. Parce que aujourd'hui les PC ne sont plus si patauds et que Windows, leur système d'exploitation, a su copier l'aisance Mac, Apple a mis tous ses points sur le « i » : « En quinze minutes, affirme un vendeur de Darty, vous surfez sur l'internet. » Un quart d'heure plus tard, effectivement, nous consultons le bulletin météo de Yahoo.com. C'est la i-révolution : il fait ­9° à Irkoutsk. Pas mal...

D'une part Windows n'est pas "le" système d'exploitation des PC : Linux (qui est un OS autrement plus performant et mieux finalisé), jour après jour et de manière inéluctable est en train de lui faire prendre le chemin de la sortie.

D'autre part ceux qui prétendent que Windows est aujourd'hui arrivé au même niveau de convivialité que MacOS n'ont sans doute jamais travaillé sous MacOS. Professionnellement obligé de travailler sous les 2 environnements je suis bien placé pour le constater tous les jours.

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Sauf que l'iMac, ce sont aussi des paris technologiques parfois hasardeux. « Nous avons fait le nécessaire pour que la machine soit équipée de tout ce dont l'utilisateur a besoin afin qu'il puisse se concentrer sur le seul choix de la couleur », explique Jean-Pierre Giannetti, directeur du marketing d'Apple pour la France ; pourtant, quelques (mauvaises) surprises attendent l'acheteur. D'abord l'iMac n'a pas de lecteur de disquettes. Surcoût pour un lecteur externe, de 600 à 1 000 francs.

Faux problème :

A l'heure où le moindre disque dur a une capacité de plusieurs giga-octets, la disquette, peu fiable et de faible capacité (1.4 Mo) est aujourd'hui un média largement dépassé. Apple l'a bien compris et se tourne résolument vers l'avenir. Ceci dit, si l'acheteur veut absolument un lecteur de disquette, il peut effectivement en rajouter un via le port USB, simplement le "journaliste" fait de la désinformation en "oubliant" simplement de préciser que le lecteur à 1 000 francs sait également travailler avec des supports de 120 Mo.

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Deuxième surprise : pas de lecteur de DVD-Rom, la nouvelle norme de lecture vidéo. Or la plupart des PC à 9 000-10 000 francs en disposent.

Encore un faux problème :

L'intérêt de regarder un film DVD vidéo sur un moniteur d'ordinateur est vraiment dérisoire par rapport au confort visuel et acoustique que l'on obtiendra, par exemple, devant un téléviseur 16/9 équipé lui d'un grand écran et de véritables enceintes.

Quant aux titres informatiques (et non pas cinématographiques) sur support DVD, ils se comptent encore au compte gouttes. Donc aujourd'hui l'intérêt d'un lecteur DVD sur un micro ordinateur reste assez restreint.

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Troisième surprise : le bio-design a ses contraintes. Enserré dans une coquille trop petite, l'iMac n'est pas fait pour évoluer : pas de place pour une carte graphique supplémentaire ou un graveur de cédéroms. C'est un ordinateur compact, la majeure partie de la place est prise par le moniteur.

De tout évidence notre "journaliste" soit n'a rien compris à l'iMac, soit fait encore ici un faux procès :

L'iMac, comme je l'expliquais plus haut, est avant tout destiné au grand public : c'est un tout auto-suffisant et prêt à l'emploi. Pourquoi rajouter une carte graphique (réflexe typique du PéCé-iste mal (ou pas) équipé) alors que la carte ATI qui l'équipe l'iMac est excellente.

Ceci dit l'iMac n'en est pas pour autant fermé puisqu'il propose en standard : un lecteur de CD-ROM 24x, 2 ports USB (pour brancher graveurs, scanners, imprimantes, disques durs, etc...), un modem V90 (pour l'Internet), et un port Ethernet 10/100 base-T (ce qui lui permet également (et ceci est la deuxième cible après le grand public) d'être directement utilisé par les collectivités (écoles, universités, ...) ou les entreprises en réseau local avec, par un exemple, un serveur G3 sous l'excellent MacOS X Server :-).

A côté de l'iMac, Apple propose également les G3 Yosemite qui eux permettent, grâce à un système d'ouverture ultra simple, et bien plus facilement que sur n'importe quel PC, de rajouter cartes et barettes mémoire additionnelles.

Ceci étant dit, il n'y a aucune mauvaise surprise et aucune tromperie par rapport à l'iMac. Sauf à s'adresser à un acheteur ne sachant vraiment pas lire, la couleur est clairement annoncée par Apple.

Enfin pour conclure, je prétends que "l'évolutivité" d'un micro-ordinateur est un leurre marketing : d'abord parce que dans les faits 90% des possesseurs de micro ne le font jamais évoluer (sauf ajout de RAM ou remplacement de disque dur, ce que l'iMac supporte sans problème), ensuite parce que, même si par morceaux vous arrivez à faire évoluer votre micro, vous obtenez une configuration finale non cohérente et qui en définitive vous aura couté plus cher qu'une config neuve parfaitement équilibrée, elle (vitesse processeur / vitesse bus / temps d'accès mémoire et disques / potentialités graphiques), et par là même plus performante.

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Que deviendra-t-il quand les écrans plats se banaliseront ? On en trouve déjà à 4 000 francs pièce. Ce jour-là, les boîtiers de PC disparaîtront sous les bureaux et le rêve du designer italien Richard Sapper, inventeur de la lampe Tizio et consultant pour IBM, se réalisera : « Je veux que mon ordinateur ne soit pas plus présent qu'une boîte de cigares. » Pour Steve Jobs, alors, le cauchemar (re)commencera ?

Monsieur Tréguier semble ignorer qu'Apple propose également des écrans plats (Apple Studio), et qu'en matière d'ordinateur sachant se fondre dans l'esthétique d'un bureau, Apple a déjà sorti à l'occasion de son 20ème anniversaire le Spartacus, véritable bijoux technologique à écran plat.

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En reproduisant l'histoire marketing de son Macintosh, Apple a pris un risque avec l'iMac : l'épopée avait mal fini. Quatre ans à peine après le lancement du premier Mac, son évolution, le Classic, était hors course dès sa sortie. Fin 1998, le magazine « l'Ordinateur individuel » a comparé le Mac à une machine de l'époque, un IBM 286. Le premier a terminé une série d'opérations banales en 54 minutes, l'IBM en seulement 34 minutes.

Cette comparaison est pour le moins débile (de plus il doit y avoir une erreur dans la date, il s'agit de 1988 et non 1998) :

D'un côté le Classic (68 000 cadencé à 8 Mhz) pilote une interface MacOS graphique, et de l'autre côté l'IBM ( 80 286 cadencé à 12 Mhz, soit une fréquence 50% plus élevée) est en mode caractère.

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L'iMac n'échappera pas à pareille fatalité. Des journalistes américains ont fait tester l'ordinateur par un organisme indépendant (1). Verdict : un vrai lièvre pour la retouche d'images (Photoshop), un escargot pour le traitement de texte (Word) et le calcul (Excel).

Pour le moins étonnant n'est ce pas ? D'autant que Photoshop nécessite de la puissance de calcul pure...

Ca l'est moins lorsque l'on sait que Word et Excel, les 2 usines à gaz de chez Micro$oft, sont optimisés pour les PC wintels. Je pense qu'il y a mieux et surtout plus indépendant pour faire un test représentatif.

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Pis, en France, le magazine « Micro Hebdo » a préféré classer... « non classable » l'iMac. Sur neuf machines à moins de 10 000 francs testées, il était le plus lent lors du téléchargement de fichiers internet (2). Inquiétant.

Micro Hebdo, vous parlez d'une référence ! Autant demander aux marchands de fast-food de nous parler de la gastronomie française. On peut difficilement trouver pire...

Enfin j'aimerais que le "journaliste" nous explique, histoire de bien rigoler, en quoi la puissance du micro ordinateur joue sur la vitesse de téléchargement de fichiers internet ?!

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D'autant plus que, en juin prochain, après la sortie de son nouveau portable, la gamme sera complète, mais l'horizon... vide.

Médisances, et désinformation, bravo Monsieur Tréguier ! Et vous vous dites journaliste ?

Car enfin, que faites vous des PowerMac G4 Altivec, véritables monstres de puissance, que faites vous de MacOS X le nouvel OS des Macintosh, tous deux prévus pour la fin de l'année, et qui marqueront un tournant décisif pour Apple.

Que faite vous de QuickTime 4.0, et des nombreux projets que Steve Jobs ne manquera pas de nous révéler en temps utile ?

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Aujourd'hui, la Silicon Valley s'interroge : Steve Jobs serait-il en train de rééditer l'erreur des premiers Mac ? Voire.

En voilà une jolie phrase bien creuse en guise de conclusion, aussi creuse que le contenu du présent article.

(1) <www.techweb.com/wire/story/TWB19980821S0021>.

(2) « Micro Hebdo » n° 46 du 4 mars 1999.

Eric Tréguier

Les constructeurs de PC sont innombrables, les Macintosh quant à eux sont fabriqués par un seul constructeur : Apple. Devinez qui ouvre toujours la voie, qui est toujours en avance en matière d'innovation, de quel côté est la créativité, qui fait avancer la micro informatique, qui a lancé le slogan "Think different" ?

Et vous verrez que l'iMac, qui tout comme le premier Macintosh est, je pense, d'ores et déjà entré dans l'histoire, l'iMac tant décrié aujourd'hui par certains, sera immité et copié, j'en prends le pari.

H.F, mai 1999


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